Témoignage de Sasha et Déborah

L’histoire de notre association commence avec l’expérience de sa présidente, Déborah. Voici leur témoignage à travers les yeux de son enfant : Sasha

« Je m’appelle Sasha, j’ai 8 ans. J’ai été diagnostiqué autiste à l’âge de 4 ans. Mais maman le savait déjà, ce ne fut pas une surprise. Papa aussi peut–être mais ne voulait pas se le raconter ainsi.

C’est difficile quand on est différent, quand on est bizarre, d’être intégré, inclus avec les autres. Alors maman n’a pas pu travailler, elle a dû s’occuper de moi. Mais sans efforts car c’est ma maman et elle m’aime. Alors elle allait dans les lieux où il y avait plein d’enfants pour que j’en côtoie d’autres.

Les enfants étaient prêts à m’accepter eux, mais les adultes ce fut une autre histoire. Ces adultes à travers la bouche des enfants parlaient et leur faisaient dire ‘’ pourquoi tu pars pas ‘’ ? Et certains de ces adultes me disaient ‘’ Sasha tu ne vois pas que tu fais peur à tout le monde ? ‘’Ou bien des phrases abominables comme ‘’ cet enfant il ne peut pas rester ici ‘’ On parlait à ce moment-là de moi en ‘’il ‘’ou à la troisième personne. Je n’avais plus de prénom, j’étais déshumanisé… Moi, je voulais juste jouer et j’avais juste la bougeotte ! ‘’Il faut l’enfermer, il faut qu’il aille dans une institution spécialisée.’’ Chez les adultes ordinaires, on appelle cela l’hôpital psychiatrique. Suis-je une bête ? Pour être enfermé ! Parce que je suis différent. Mais je suis seulement un enfant.

Et là ma mère a commencé à rencontrer des personnes qui préféraient peut–être avoir des remords plutôt que des regrets. ? Ces personnes m’ont accepté comme j’étais. Et puis maman a fait les bonnes rencontres (des psys qui voulaient bien ne pas m’enfermer) qui préféraient aussi avoir des remords plutôt que des regrets. Et qui ont mis en œuvre des choses pour faire accepter cette différence.
Alors oui, peut-être un jour, je serai fou, peut-être un jour, j’aurai fait le tour de la terre (mais des fois, je le fais déjà dans ma tête peut-être aussi) et un jour mais déjà, ce jour est là, je serai moi. Un jour, j’aurai assumé toutes mes fautes : celle d’être différent. Je sais que je suis différent. Alors forces ou faiblesses pour les hommes ? Laissez-moi donc l’éprouver. Pas encore gagné car c’est difficile surtout pour certains de l’accepter. Mais au final, si je suis moi, après tout ne suis-je pas comme les autres ? Et les autres, autistes, trisomiques, etc., sont aussi comme moi, et veulent être acceptés parmi les autres.

Alors voilà, maman elle a essayé de monter une Asso. Mais pas que pour les autistes, pour tous les autres aussi. Elle s’appelle Autis’mo et plus…Poser des mots.
Avec l’aide d’une poignée de bienveillants.

Cela parle d’essayer, de faire avancer tous ceux qui vivent en cette terre pour accepter la différence, car il faut toujours y croire. C’est une Asso de plus oui peut-être. Mais pas comme les autres. Pour une belle cause, plus grande que moi, que nous. Pour être parcourus par l’émotion, pour être dans la vie quoi.
Il y a des mots qui font mal. ‘’ Mais qu’est ce qui ‘il a ?’’ ‘’Il n’a rien à faire ici, il n’est pas normal. ‘’ Alors ces mots, d’une sauvagerie extrême deviennent des maux. Et ma maman après toutes ces offenses, elle est toujours debout, elle s’est relevée. Et moi si je pouvais parler comme eux, les grands, je leur dirais, que je suis petit, que ça ne se dit pas ça devant un enfant, à une mère. Je leur dirai que je pense que les adultes disent toujours vrai. Et que quand je deviendrai plus grand, peut-être que je ne vais pas avoir envie de me dire : et qu’est ce qui a changé ? Pas grand-chose. Moi, aussi je dirai peut-être, que je n’aurai pas rangé toutes les questions que je me pose. Moi aussi dans mes rêves, peut-être que je voudrai me marier avec Hermione. Une magicienne qui m’acceptera comme je suis.

Alors peut-être que les enfants différents qui deviendront des adultes différents pourront eux aussi ne pas quitter tous les lieux de la terre mais en faire juste le tour. Ça peut être possible non ? Pour que moi Sasha et les autres soient eux-mêmes et gardent le sourire et leur soleil intérieur. Et qui sait, tout comme Neil Armstrong aillent aussi sur la lune. »